ATELIERS SCIENTIFIQUES ET EXPÉRIENTIELS
Listes des présentations
ATTENTION : Tous les ateliers sont des communications scientifiques et exclusivement en présence, à l’exception de ceux qui mentionnent le contraire (Ateliers expérientiel en présence, expérientiel à distance, scientifique à distance) ; il n’y a pas d’ateliers “hybride” dans la perspective de maintenir la qualité du travail de groupe.
Vérité du lien et mensonges dans la filiation
Enigme, secrets partagés ou rumeurs complices voire viol de l’identité, quel est l’enjeu psychique des mensonges sur la filiation et sur l’affiliation dans la vie psychique individuelle et groupale. C’est l’enjeu de l’inscription du maillage des liens, des contenants généalogiques identitaires et de la transmission. J’illustrerai à partir d’un exemple clinique de thérapie familiale psychanalytique, ces attaques de la vérité du lien qui souvent implosent comme symptôme de l’adolescence familiale.
Pierre BENGHOZI est Pédopsychiatre, psychanalyste, Président Fédération Française Psychothérapie Psychanalytique EFPPF, Président IRPcf, Vice-Président AIPCF, Directeur de publication RPPG, associé Laboratoire Psychologie Clinique Psychopathologie, Université Paris Cité, SFPPG, SFTFP
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Vérité, fantasme et fiction dans un groupe d’analyse de pratiques professionnelles : de l’objet a à l’objet déchet.
Enseignante de français en lycée et docteure en sciences de l’éducation, j’anime des groupes d’analyse de pratiques avec des professionnels de l’éducation. Je m’inscris dans une approche clinique d’orientation psychanalytique (Blanchard-Laville et al., 2005).
Dans cette communication, je voudrais raconter mon accompagnement dans le cadre du service de formation continue de l’académie de Versailles (EAFC) durant deux années d’une équipe de psychologues de l’éducation nationale (Psy-EN) dont la tâche primaire se situe à la croisée entre l’éducatif et le thérapeutique.
A partir du récit des participants, j’évoquerai la réalité d’une institution scolaire ou la question du savoir et de la vérité confronte des professionnels à un fantasme groupal d’abus et de transgression (Kaës, 1994). Quel rôle défensif celui-ci peut-il prendre dans leur économie psychique ?
Je ferai quelques hypothèses pour comprendre les résistances auxquelles l’approche clinique d’orientation psychanalytique se heurte dans le champ scolaire en montrant qu’elle va à l’encontre de ce qui semble aujourd’hui constituer le socle fantasmatique de l’école dans son rapport au savoir et à la maîtrise (Castel, 2012).
J’entends également montrer comment un tel dispositif convoque l’animateur à une place elle-même spécifique où il s’agit de se situer dans un autre rapport à la vérité du sujet, pour dire sans dire. A partir de la théorisation de Lacan, j’essaierais de penser cette position comme oscillant entre celle de l’objet a (Lacan, 1959-1963), objet cause du désir, et l’« objet-déchet » (idem) à sacrifier pour sortir de l’angoisse obsessionnelle et du trouble mélancolique.
Florence BERTHET-JENDOUBI est enseignante, Docteure en Sciences de l’Education et de la Formation, Analyste des pratiques professionnelles, CREF – Université Paris Nanterre
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La tête à l’envers : un retournement de la vérité dans un monde de mensonges
Certains moments de crise dans la cure ou la psychothérapie de patients adultes traduisent de façon momentanée une altération profonde du rapport à la réalité, et notamment celle qui touche aux bénéfices du travail analytique. Une réaction thérapeutique négative prend la forme d’une propagande dans la séance qui tente d’annuler la perception et la reconnaissance de ce qui s’est construit durant des années. Les bénéfices de la cure ne seraient qu’une illusion fallacieuse ou qu’un leurre, actualisant dans le transfert un univers familial de mensonges et de contre-vérités organisés dans lequel le patient a grandi et avec lequel il se débat contre lui-même, l’analyse et l’analyste. Comment aborder sur le plan thérapeutique cette mentalité de groupe, le trouble et la paradoxalité qu’elle génère, les mensonges qu’elle véhicule ?
Christophe BITTOLO est psychanalyste (SPP), analyste de groupe et d’institution (SFPPG, Transition), Professeur des Universités (CREF – Université Paris Nanterre)
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Hallucinations et pensées délirantes des sujets psychotiques
Les hallucinations et les pensées délirantes des sujets psychotiques, peuvent-elles être appréhendées comme des rumeurs de leur histoire passés ou bien peuvent-elles contenir des fragments de vérité de leurs vécus traumatiques ?
Nous savons depuis de nombreuses années (Freud, 1900, 1917), et de travaux plus récents (Gimenez, 1994, 2003, 2010, 2016) que les hallucinations et les pensées délirantes des sujets psychotiques contiennent une part transformée de leur histoire, de leur vérité, et de leurs vécus traumatiques. Dans cette perspective, Guy Gimenez soutient que l’hallucination est « le produit de transformations de la représentation potentielle rejetée et de l’éprouvé du patient face à la situation intolérable » (Gimenez, 2001, p. 246). Dans la psychose, ces vécus antérieurs, dont les représentations et les affects ont été rejetés, s’expriment également dans et par le corps, et plus précisément sous la forme de pictogrammes (Aulagnier, 1975) et/ou de signifiants formels (Anzieu, 1987). Ce que Anne Brun nomme les « formes primaires de symbolisation » (Brun, 2014, 2015, 2016).
Au sein de cette communication orale, nous proposons de rendre compte de l’évolution de traces psychiques présymboliques et corporéisées (pictogrammes et signifiants formels) en scénarios à plusieurs pôles (celui qui effectue l’action, celui qui subit l’action et celui qui observe) dans le cadre d’un groupe de psychodrame psychanalytique auprès de patients schizophrènes. Ce travail de repérage d’évolution des formes primaires de symbolisation et les traces qui lui sont liées (pictogrammes, signifiants formels) a été effectué par Guy Gimenez (1994, 2010) dans le cadre de travaux sur la thérapie des patients hallucinés, puis quelques années plus tard, par Anne Brun (2007, 2014, 2015, 2016) au sein de groupes à médiations picturales. Nous explorons l’hypothèse générale selon laquelle, en psychodrame psychanalytique de groupe auprès de patients schizophrènes, la mise en scène jouée (scénarisation intersubjective) d’hallucinations ou de pensées délirantes, favorise une scénarisation intrapsychique de traces pictogrammiques (pictogramme) ou formelles (signifiants formels) associées à des scénarios intolérables attaqués par le mécanisme de rejet.
La scénarisation d’hallucinations et/ou de pensées délirantes permet de créer une vérité, et non plus des rumeurs, sur l’histoire du patient et sur ses vécus traumatiques. Vérité, qui n’est jamais advenue dans le monde interne du sujet. Nous partirons de la part transformée de vérité sur l’histoire du sujet que contiennent les hallucinations et les pensées délirantes des patients pour leur permettre de trouver (et non de retrouver) les représentations d’expériences intolérables et les affects associés.
Pour cela, nous partagerons plusieurs extraits de séances d’un groupe de psychodrame psychanalytique auprès de cinq patients schizophrènes, hospitalisés au sein d’une clinique psychiatrique. Nous présenterons également notre proposition d’usages spécifiques de la technique du changement de rôles (comme changement de pôles) et de l’interprétation jouée.
Nous proposerons une adaptation de ces deux techniques aux modes de fonctionnement intrapsychique et intersubjectif des sujets schizophrènes.
Victoria CAILLET est Psychologue clinicienne, Doctorante, A.T.E.R, LPCPP – UR 32 79, Université Aix-Marseille
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Le phénomène climato-sceptique : une forme contemporaine du pacte dénégatif ?
Malgré un consensus de la communauté scientifique internationale sur les effets néfastes des activités humaines sur l’environnement, plus d’un tiers de la population serait « climato-sceptique ». Certaines approches ont tendance à réduire ce phénomène à sa dimension intra-psychique à travers des analyses psychopathologiques. Il nous semble qu’il s’agit là d’une impasse et nous proposons ici d’appréhender la position climato-sceptique dans sa dimension inter-subjective et groupale. C’est dans cette perspective que nous analyserons en quoi le phénomène climato-sceptique peut être appréhendé comme un pacte dénégatif qui protège les sujets et le groupe de certaines angoisses.
Philippe DRWESKI est Psychologue clinicien, Maître de conférences à l’université Paris Cité, laboratoire PCPP, UR 4056, membre de la SFPPG.
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Le trompeur et son complice. Mensonge, imposture, arnaque
L’étude du mensonge révèle qu’entre le menteur et son public se configure un interfonctionnement réciproquement stimulant et une mentalité groupale. Cela se manifeste également dans l’imposture, qui peut être considérée comme un mensonge sur l’identité de son acteur, et dans l’escroquerie, où l’abus cherche un gain financier. Dans ces cas, l’analyse de la négativité contribue au traitement.
Dr Alberto EIGUER est psychiatre, psychanalyste (SPP, APDEBA), thérapeute psychanalytique de couple et de famille (SFPPG, SFTFP), HDR et membre du Laboratoire PCPP, Université Paris-Cité.
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La clinique des groupes face à la transformation du rapport à la vérité et à la nature dans la néoréalité ultra-libérale
Depuis ses origines, le libéralisme a justifié ses principes idéologiques par les lois de la nature, légitimant notamment les inégalités sociales au moyen d’une prétendue sélection des individus les plus aptes, inspirée des mécanismes de l’évolution décrits par Darwin. Aujourd’hui, libéré des limites autrefois imposées par le politique et propulsé par l’essor rapide des avancées technologiques et scientifiques, l’ultra-libéralisme adopte les traits d’un discours religieux. Enivrée par une supposée omnipotence, cette idéologie tente désormais d’imposer ses règles, qu’elle prétend naturelles, à la nature elle-même, comme en témoignent la géo-ingénierie ou l’ingénierie génétique. Cependant, elle se heurte aux limites de la réalité, visibles dans la crise écologique actuelle et la désintégration des institutions sociales.
C’est dans cette perspective, et en nous appuyant sur plusieurs exemples tirés de notre pratique clinique groupale, que nous proposons d’analyser comment la néoréalité techno-ultra-libérale modifie les rapports à la vérité et à la nature, tant au sein des groupes que des institutions.
Davide GIANNICA est psychologue clinicien, psychanalyste, docteur en psychologie, Maître de Conférences en psychopathologie et psychologie clinique psychanalytique, Laboratoire Clipsy – Université d’Angers
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Atelier Psychodrame
ATELIER EXPÉRIENTIEL EN PRÉSENCE UNIQUEMENT
Dans le cadre de ces journées ayant pour thème : Rumeurs, fantasmes et vérités dans la clinique des groupes, cet atelier expérientiel de psychodrame conduit par deux analystes de groupe et psychodramatistes, formateurs à l’Institut Français d’Analyse de Groupe et de Psychodrame, propose une expérience in situ de médiation par le psychodrame en groupe. Deux consignes organisent et structurent le groupe: dire ce qui vient à l’esprit et jouer dans le faire semblant. Ces consignes sont l’adaptation au groupe de la règle psychanalytique de la libre association. Dans la durée limitée de l’atelier à partir de ce qui émergera du groupe dans l’Ici et maintenant, sera proposé la mise en place de jeux psychodramatiques, en utilisant certaines techniques propres au psychodrame: le renversement de rôle, le double….
Après le jeu, les participant-e-s et les analystes échangeront sur ce qui a été vécu. Cet atelier s’ouvre aux personnes qui souhaitent vivre une expérience de groupe en utilisant la médiation du psychodrame. Un moment sera en fin d’atelier consacré aux liens du thème de ces deux journées.
15 participants maximum dans une salle avec 17 chaises.
Claire HORIUCHI est psychiatre, psychothérapeute psychanalytique, psychodramatiste, membre de la SFPPG et de l’Equipe technique de l’IFAGP, claire.horiuchi@cloud.com
Patrice LASSALLE est ancien directeur d’établissement médico-sociaux, analyste de groupe et psychodramatiste, membre de la SFPPG et de l’Equipe technique de l’IFAGP, lassalle.patrice@wanadoo.fr
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Entre l’officiel et l’officieux : repenser les pactes dénégatifs en protection de l’enfance
En s’appuyant sur une expérience clinique, cette communication à deux voix propose d’explorer les alliances inconscientes qui se tissent et se développent entre les professionnels et les jeunes hébergés au sein d’une maison d’enfants à caractère social (MECS). Ces alliances, souvent sous la forme de pactes dénégatifs, contribuent à l’émergence d’une homologie pathologique, dont les rumeurs deviennent une manifestation symptomatique. Ces rumeurs s’amplifient lorsque les liens d’équipe se fragilisent, et que les professionnels traversent des tensions importantes. Elles prolifèrent également dans des contextes marqués par des désorganisations institutionnelles (manque de personnel, sureffectif d’enfants accueillis) ou lors de réorganisations structurelles (par exemple, le départ d’un chef de service).
A partir de cas cliniques d’adolescents, cette communication s’intéressera aux rumeurs et aux dynamiques qu’elles révèlent entre l’« officiel » et l’« officieux » dans le fonctionnement institutionnel. Tandis que le cadre officiel favorise une mise en réflexion partagée, ouvrant ainsi la voie à une symbolisation, l’officieux, quant à lui, se situe sous le primat de l’affect. Il traduit une organisation pathologique qui, à l’instar des structures mafieuses, est caractérisée par l’omnipotence d’un chef, l’absence de limites, la transgression des interdits fondamentaux, des fascinations collectives, et une jouissance à outrance tel est bien souvent le cas dans cette maison d’enfants.
La question centrale sera donc : Comment faire obstacle à l’homologie pathologique dans ce type d’institution ? Autrement dit, comment contrer ces processus pathologiques et rétablir un équilibre institutionnel fondé sur le respect des cadres symboliques et des interdits structurants ?
L’hypothèse posée est que le praticien peut aider à rétablir cet équilibre. Toutefois, il se doit d’être pris dans ce type de fonctionnement et de prendre en compte ce dont par quoi il est pris. Cette élaboration n’est possible qu’à la condition d’une analyse clinique institutionnelle approfondie, visant à décrypter les dynamiques individuelles et groupales et également d’une analyse fine des processus transféro- contre-transférentiels.
Ainsi, en apportant des éléments de rumeurs, de conflits latents ou encore des éléments bruts dans les espaces collectifs officiels tels que les réunions d’équipe, les réunions de synthèse, ou encore les intervisions, le praticien peut soutenir une élaboration collective. Cette manière de faire vise à éclairer les enjeux psychiques, groupaux et individuels qui traversent l’institution, impactent les équipes, et influencent les jeunes accueillis. En conséquence, l’intervention du praticien devient un levier thérapeutique pour une tentative de symbolisation collective et apporter une aide à la “stabilisation” des cadres institutionnels.
Hindi HAFHOUF-LACÔTE est Docteure en Psychologie, Psychologue Clinicienne, Université Sorbonne-Paris Nord, Unité Transversale de Recherche : Psychogenèse et Psychopathologie, UTRPP, UR 4403, F-93430, Villetaneuse (France).
Feryal ARABACI-COLAK est Docteure en Psychologie, Psychologue Clinicienne, Université Sorbonne-Paris Nord, Unité Transversale de Recherche : Psychogenèse et Psychopathologie, UTRPP, UR 4403, F-93430, Villetaneuse (France).
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La relation clinique, est-elle un leurre dans le contexte de crise écologique et de fin des illusions du modernisme occidental ?
Dans « Le malêtre » René Kaës interroge les mutations civilisationnelles et environnementales à l’origine d’un malêtre lié à la déstabilisation des cadres et des métacadres. Il était un des premiers analyste de groupe à prendre ainsi en compte l’impact d’une partie de l’humanité sur le vivant et la biosphère, posant la question de la survie même de l’espèce humaine : « (…) cette nouvelle ère n’exclut pas une catastrophe écologique et l’hypothèse de la disparition de l’espèce si de nouvelles régulations n’enraye pas un tel processus mortifère dans lesquels (…) nous sommes déjà engagés ». (Kaës 2012, p. 33). Un peu plus tard, Roland Gori (2020), parle d’un effondrement de nos systèmes de valeurs et de pensée, l’amenant à postuler qu’en parallèle d’un effondrement probable de la civilisation thermo-industrielle à venir, un autre effondrement avait déjà eu lieu, celui de nos valeurs, nos croyances et nos systèmes symboliques de pensée.
Le voile du fantasme du modernisme occidental s’est ainsi soulevé laissant entrevoir le Réel de notre condition de passager tellurique précaire et son angoisse existentielle : notre fragilité structurelle et développementale – notre néoténie. Cette précarisation contextuelle induite par la dégradation de l’habitabilité des milieux, renvoie à la précarité structurelle et la position originelle de vulnérabilité. Le retour à la vulnérabilité primaire avec laquelle nous avons mythiquement pallié et comblé par la technique, nous donnant l’illusion que l’on pouvait s’en affranchir révèle dès lors l’expérience fondamentale inscrite en chacun de nous : la dépendance à l’Autre vis-à-vis de laquelle chacun aura une réponse singulière et que nous avons à reconnaître.
Ainsi, se sont bien les institutions sanitaires et sociales, ces espaces civilisationnels de traitement de vulnérabilités humaines, et la relation clinique qui s’y déploie qui vont pouvoir représenter des modèles paradigmatiques de nouvelles modalités d’existence collective.
Car en effet, s’il y a bien un terrain sur lequel il est difficile d’être leurré, où toute parole, attitude, comportement, action fait acte de vérité, c’est bien la relation clinique et ses vicissitudes. Dès lors, que l’on travaille de facto en individuel avec un sujet, ou en groupe avec une famille, une équipe de professionnelle ou une institution, chaque clinicien vient promouvoir une certaine écologie des liens prenant en compte la part vulnérable de l’autre, participant au travail de culture et de civilisation.
Marco LIGUORI est psychologue clinicien, psychothérapeute familial. Vice-Président de l’Association Practice Recherche. Membre associé du Laboratoire PCPP, Université Paris Cité.
Alexandre SINANIAN est psychologue clinicien, docteur en psychopathologie, dirigeant et fondateur du Cabinet Practice, secrétaire général de l’Association Practice Recherche, membre de la SFPPG, enseignant-chercheur du Laboratoire PCPP, Université Paris Cité
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Briser la barrière de l’écran: éprouver et exprimer l’authenticité en distanciel, partage d’expériences.
ATELIER EXPÉRIENTIEL À DISTANCE EXCLUSIVEMENT
Il s’agira d’un partage d’expérience, à partir d’un fil associatif groupal, nous permettant de discuter de la possibilité et des difficultés d’éprouver et d’exprimer une certaine « authenticité », notamment émotionnelle et affective, en distanciel.
Nous pourrons évoquer des expériences issues de nos pratiques cliniques, psychothérapeutiques, de formation, de réunions institutionnelles etc. mais aussi, si cela s’invite, d’expériences plus personnelles.
Notre objectif sera d’élaborer quelques aspects intra-inter et trans-subjectifs de ce qui fait partie dorénavant de nos vie quotidienne: le distanciel.
Aurélie MAURIN SOUVIGNET est Professeure de psychologie, Université Lumière Lyon 2, CRPPC, psychologue et psychothérapeute.
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Atelier Photolangage
ATELIER EXPERIENTIEL EN PRESENCE UNIQUEMENT
Dans le cadre de ces journées dédiées au thème Rumeurs, fantasmes et vérités dans la clinique des groupes, cet atelier expérientiel de Photolangage offre une expérience de médiation en groupe à travers l’utilisation de photographies. Une consigne sera proposée, et les participants seront invités à y répondre en s’appuyant sur les images. Ce moment permettra de réfléchir ensemble aux résonances en lien avec les travaux des deux journées. Les participants et les analystes pourront échanger autour des expériences vécues. Cet atelier est ouvert à toute personne souhaitant vivre une expérience de groupe.
Lila MITSOPOULOU-SONTA est psychologue clinicienne, analyste de groupe, MCF-HDR en psychologie clinique et psychopathologie, Université Lumière-Lyon 2, membre de la SFPPG et de la SHPPG, adresse mail : lilamitsopoulou@gmail.com
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Passage à l’acte traumatique et dispositif de travail séducationnel
L’organisation familiale incestueuse et/ou incestuelle porte des alliances inconscientes (R. Kaës) et déguise l’histoire du passage à l’acte. Cette organisation, révélée par la justice, dirige l’analyste vers la mise en lumière de mécanismes de défense à travers les réactions en miroir dans les interstices (R. Roussillon) psychoéducatif. Travailler la question du groupe devient nécessaire pour instaurer un socle de protection des métacadres.
A travers le cas clinique de la famille CROSS, ayant été traversée par le passage à l’acte incestueux, nous proposons l’analyse des résonnances institutionnelles dans le cadre d’un dispositif de prise en charge. Dans la situation que nous proposons de traiter, la paternité connaît un bouleversement psychique dans sa fonction de tiers. Mr Cross a subi des faits d’inceste père-fils. L’inceste traverse aussi ses 4 enfants. Monsieur exprime de la honte sociale, de la culpabilité lié à son vécu de victime d’inceste et de père qui n’a pu protéger ainsi que de la colére dans un entre-deux entre violence et agressivité.
Ainsi, l’atelier proposé porte sur un espace-temps de pensée thérapeutique transdisciplinaire (F. Aubertel) sous forme de dispositif séducationnel (H. Riani). Le processus de séduction dans le champ de l’éducabilité, vient d’un côté, questionner la répétition institutionnelle de la dynamique dysfonctionnelle familiale (J. Bleger) et de l’autre, souligner la réparation d’une contenance psychique défaillante en temps de crise affectant le travail groupal.
Hanane RIANI est enseignante-chercheuse permanente à l’Université Privée de Marrakech, Psychologue clinicienne à l’hôpital privé de Marrakech, Docteure en clinique pathologique et interculturelle, Toulouse II.
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Prendre la parole dans un groupe après un propos projectile coupant le souffle
ATELIER EXPERIENTIEL EN PRESENCE UNIQUEMENT
Cet atelier invite ses participants à se souvenir de situations de groupe, quelles qu’elles soient, où un protagoniste a tenu un propos sidérant, interdicteur de penser et de parler. Nous écouterons les récits des participants et esquisserons des pistes d’analyse et d’élaboration en poussant chacun à créer-trouver, en sa psyché, des ressources pour faire sortir le groupe et soi du marasme, et neutraliser ainsi les effets délétères des attaques perverses dans les groupes, lesquelles luttent contre le vivant.
André SIROTA est Tiers externe auprès d’équipes au travail, Anthropologue des groupes actuels, Professeur émérite de psychopathologie sociale clinique, Université Paris Nanterre, Ancien président de la SFPPG (2006-2014)
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Dissimuler la vérité familiale : un enjeu de survie psychique
L’actualité contemporaine vient parfois réveiller des zones d’ombres, raviver des alliances inconscientes et plus particulièrement des pactes dénégatifs restés en sommeil pendant plusieurs décennies. Les familles sont ainsi confrontées à certains accords inconscients vecteurs de leur origine et de leur identité qui révèlent des « vérités en négatif » qu’elles ne peuvent s’autoriser à admettre. En effet, ces « vérités » dissimulées s’inscrivent inconsciemment dans un conflit de loyauté envers les aïeux et sont également aux prises d’un inconscient collectif imprégné par le danger et la crainte du dévoilement de certains morceaux de leur histoire généalogique. A travers une illustration clinique d’une thérapie familiale psychanalytique menée dans un cadre libéral, nous montrerons comment le néo-groupe peut être traversé par un premier mouvement défensif contribuant à maintenir ces « vérités en négatif » enfouies dans la psyché familiale afin de préserver l’homéostasie groupale. Ensuite, face au bousculement des aménagements défensifs par des événements actuels, nous mettrons l’accent sur la manière dont le processus thérapeutique peut soutenir l’intégration progressive de ces « vérités en négatif » dissimulés et rejetés.
Almudena SANAHUJA est Professeur de psychologie clinique et psychopathologie, laboratoire de psychologie, psychothérapeute familial et psychologue clinicienne et Membre de la Société Française de Psychothérapie Psychanalytique de Groupe (SFPPG).
Marie NAIMI est Psychologue clinicienne, Docteure en psychologie clinique et Membre de la Société Française de Psychothérapie Psychanalytique de Groupe (SFPPG).
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De la fabulation au récit dans un groupe de photolangage
Le recours à la fabulation chez de grands adolescents laisse entendre l’expression d’un infantile non refoulé. Le Photolange offre une écoute groupale qui ne questionne pas la véracité des faits mais qui reconnaît une tentative d’expression douloureuse de soi. Ainsi, un processus groupal de liaison peut avoir lieu et favoriser la déprise du sujet de sa parole imaginaire.
Melinda TEXIER-BAZIN est psychologue clinicienne, Maître de Conférences , UFR de Psychologie, Département Clinique du Sujet, Université Toulouse Jean Jaurès
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L’institutionnalisation du droit à la non-exclusivité transgressive : le cas Gleeden
Nous suggérons que le couple contemporain est habité par des fantasmes libertariens inédits conduisant à faire de la transgression (du principe de fidélité) un instrument de jouissance individuelle. Ce processus opère sous l’impulsion des sites extraconjugaux promouvant la remise en cause de la valeur de fidélité réciproque, à l’instar du site Gleeden. En référence à cette entreprise, nous soulignerons que, juridiquement et psychosociologiquement (approche épistémologique interdisciplinaire que nous discuterons), ces dernières mettent en abyme qu’une forme nouvelle de perversité sociale s’institue dans le champ du couple. Cela se matérialise à travers l’incitation au mensonge, la néantisation de l’autre, la délégitimation des piliers séculaires du couple judéo-chrétien et la spoliation du Sacré. La question qui organisera notre propos sera : sur quelles valeurs transgressives se structurent les sites extraconjugaux ?
Notre argumentaire s’étaye sur une démarche méthodologique reposant sur la passation d’entretiens non-directifs auprès d’usagers du site, d’un entretien semi-directif auprès d’un professionnel de cette entreprise, ainsi qu’un entretien conduit auprès d’un prêtre proche de la Confédération Nationale des Associations Familiales Catholiques (association antagoniste du site Gleeden, nous l’explorerons). L’ensemble de ce recueil de donnée nous amènera à discuter ce qu’il reste de « vérité » dans un lien adultérin médiatisé par des entreprises faisant circuler la rumeur qu’il est bénéfique pour un couple.
Kévin TOUPIN est docteur en psychologie clinique, psychosociologue et Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche à l’Université Paris Cité (Laboratoire : PCPP)
Noann CUNIN est juriste et élève avocate du barreau de Paris (EFB).
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Enfants volés, des origines du mensonge, au mensonge sur les origines
Les pratiques illicites dans le cadre de l’adoption internationale, associées souvent aux vols d’enfants, alimentent les secrets de filiation. Des origines du mensonge, au mensonge sur les origines, quel sens prend alors le travail d’écriture autobiographique, pour le sujet confronté aux impensés et indicibles familiaux ?
Claudine VEUILLET-COMBIER est Psychologue clinicienne, Professeure de psychologie clinique et psychopathologie, directrice adjointe de l’UR CLiPsy, Université d’Angers.
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Vérités et fantasmes dans l’institution judiciaire : Chroniques d’un rapport d’expertise psychologique de la réquisition aux assises.
Je propose dans cette intervention une réflexion sur le statut de la vérité et du fantasme dans le rapport d’expertise psychologique en tant que production issue d’une demande institutionnelle : celle du système judiciaire. Plus spécifiquement, je souhaite interroger la façon dont l’institution judiciaire appréhende la question de la vérité et du fantasme mais aussi de la connaissance (Bion, 1963) du fonctionnement psychique de l’individu, mis en cause ou victime, en tant que sujet de l’inconscient mais surtout sujet du groupe (Kaës, 2015). Dans cette perspective, des prémices de sa rédaction à partir des premières réquisitions à la présentation de ses conclusions dans la dialectique d’un procès aux assises, je développerai mon propos autour de trois hypothèses de travail :
1) La rencontre expertale peut s’envisager comme une situation de groupe
2) Le rapport d’expertise psychologique se construit à partir d’un emboîtement des cadres :
celui du cadre judiciaire soutenue par une demande de vérité et celui du cadre clinique de
l’expert psychologue qui s’étaye sur l’exigence de connaissances
3) La cours d’assise est un espace où se met en scène les constructions fantasmatiques de
chacune des par4es présentent lors du procès en résonnances avec les conclusions de
l’expertise psychologique
Clarisse VOLLON est psychologue clinicienne, Expert psychologue auprès des tribunaux, Maître de conférences en psychopathologie clinique et psychologie clinique, LPCPP, Université Aix-Marseille.